ptit plus

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un peu d'tout

prism elle se souvient qu'elle dormait profondément, qu'elle avait la tête appuyée sur le carreau. à la radio, passait du Elvis. sa mère adorait Elvis, elle avait un vieux tourne-disque qu'elle n'avait jamais voulu jeter même après qu'il soit devenu obsolète. La voix profonde du chanteur résonnait doucement dans la voiture; son père avait baissé la musique et voilà qu'elle ressemblait à une berceuse. prism plongeait doucement dans des songes parsemées de mille milliards de couleurs toutes plus uniques les unes que les autres.
elle a senti un choc, ensuite
et elle s'est endormie d'un coup.

lorsqu'elle s'est réveillée, prism, elle avait de l'eau jusqu'au mollet et ça n'arrêtait pas de monter. d'abord, elle était confuse, ne comprenait pas pourquoi le bleu se mélangeait avec le presque bleu, et le pas vraiment bleu, dans la voiture grise de papa. elle a été sortie de sa contemplation perplexe, par un tapotement à sa fenêtre. Fort, pas le genre qu'on a entend quand quelqu'un veut attirer notre attention, plus celui qui fait trembler surtout quand on a la sensation d'être paumée. Doucement, elle a tourné la tête pour y voir un homme, entouré complètement de bleu, presque bleu et de pas vraiment bleu. Ses cheveux flottaient, ondulaient dans les couleurs. Il donnait l'impression d'être bloqué dans de la gelée. Ses joues, quant à elles, étaient gonflées et là, il ressemblait à un écureuil en pleine récolte.
prism avait l'impression d'être comme dans un rêve alors que l'homme frappait sur la vitre qui progressivement, se fissurait.
elle se rendit compte que c'était vrai lorsqu'elle aperçut du coin de l'oeil, une teinte carmine glisser le long de son visage.

elle se réveilla
constata que tout ceci était bien la réalité. l'homme frappait et elle, elle regarda ses parents. eux, dormaient. papa avait le front contre le volant et la tempe en sang. Maman était courbée mais semblait aller bien, elle va bien-
prism se détacha pour aller les secouer, pour leur dire, réveillez-vous, quelque chose ne va pas-
puis la vitre se brisa, l'eau
engouffra entièrement la voiture accidentée. une main agrippa le col de son tee-shirt, l'extirpa de la carcasse et taillada son bras contre des morceaux de verres encore accrochés à l'encadrement de la vitre.

elle se débattit - elle promet, elle ne voulait pas les abandonner -, alors que l'inconnu la ramenait à la surface. elle se débattit encore plus lorsqu'on l'emmena sur la terre ferme. on dû la retenir, pour qu'elle ne plonge pas elle-même.
aidez-les, allez les chercher, pourquoi vous n'y allez pas ?!
elle apprit plus tard que la décision de l'inconnu avait été un pari risqué, qu'il ne savait pas qui sauver parce qu'il ne pouvait ramener qu'un seul d'eux trois. la voiture coulait vite, loin, dans les tréfonds du port, bientôt il aurait été impossible de ramener qui que ce soit.
alors il l'a choisi elle, parce qu'elle avait douze ans, que c'était une enfant
en tant que parent, je sais qu'à leur place, j'aurais voulu qu'on sauve mon bébé plutôt que moi
mais de quoi tu parles ? en tant qu'enfant, tu sais ce que c'est ?
que d'avoir survécu à papa et maman alors que deux heures plus tard, on riait dans un restaurant ?

depuis prism elle a peur de l'océan
et depuis prism elle a dans ses rêves les mille milliards de teintes aperçus sur la tempe de papa, sur le volant de la voiture
et dans l'eau qui a dévoré ses parents

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